“Eh oui, je suis un vrai moraliste […] En prenant de l’âge, je suis devenu l’empereur d’une porcherie“. C’est Tibère, le 2e empereur romain qui parle ainsi de son peuple. Pourtant, ses extravagances sexuelles ont defrayé la chronique et l’on apprend en écoutant l’excellente émission du jour de Patrice Gélinet sur France Inter, 2000 ans d’histoire, que “dans sa villa de Capri, [il] aimait se baigner avec de jeunes esclaves qu’il appelait ses “petits poissons“. Vibrant mais d’une autre façon :-))
Pourtant, au fil de cette émission consacrée à la vie sexuelle des Romains, on les découvre pudiques (ils ont inventé le terme en même temps que celui de “parties honteuses“) et pleins de principes que nous qualifierions aujourd’hui, libérés que nous sommes… d’étroits : l’amour ? il se fait habillé et dans le noir. Sexe, silence et retenue, c’est en gros le concept.
L’idée que les Romains se faisaient de la sexualité est donc très différente de la nôtre. Piment Rose : tout juste en rêve… de lupanar! S’ils ne distinguaient pas les comportements sexuels : pas d’homos, de bi- ou d’hétéros à Rome, ils procédaient plutôt en fonction des classes d’âge et de la classe sociale : maître vous pénétrez, esclave vous vous faites mettre!
Quant au mariage, ils en avaient une idée très arrêtée: sa finalité et celle de la sexualité, c’est la reproduction, pour le plaisir les dames repasseront. D’ailleurs, Lucrèce lui-même interdit tout mouvemement voluptueux aux femmes car c’est mauvais pour la reproduction. Il laisse ça aux hétaïres, les prostituées, qui font l’amour en… soutien-gorge ! comme le montre une peinture vestige d’un lupanar de Pompéi et non pas comme celui-là….
Moi qui pensais le Romain leste, ne voilà-t-il pas que j’apprends qu’il faudra attendre très longtemps pour avoir les premiers textes érotiques, mis à part ceux d’Ovide dont L’Art d’aimer, révolutionnera les normes traditionnelles en reconnaissant aux femmes le droit au plaisir et en leur accordant une place prépondérante dans le couple. Une position très à l’encontre de l’idéologie politique en vogue à l’époque et qui ne sera suivi par d’autres auteurs que très tard.
Pour en savoir plus, je vous renvoie au livre de Géraldine Puccini-Delbey La vie sexuelle à Rome, qui conclut tout de même son intervention chez Gélinet en rappelant que le christianisme n’a, au fond, qu’emprunté les valeurs les plus traditionnelles de Rome. On se doutait bien qu’ils n’avaient pas lu Ovide.
La vie sexuelle à Rome, chez Tallandier, 23,75 euros. Amazon
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