Quid du point G ? On savait les cordonniers les plus mal chaussés, c’est un peu la même chose pour les pros de l’obstétrique, les gynécos, les chirurgiens, les sage-femmes… souvent mal informés en matière de plaisir féminin et de sexualité.
Pour en parler, j’ai laissé le clavier à une amie journaliste pour me concentrer sur les réponses.
Q : C’est la seconde fois que tu participes à un atelier face à des professionnels de santé. Quel était le sujet du premier ?
R : Ma précédente expérience remonte au premier congrès de gynécologues de Nice, en 2003, c’était un débat autour des sex toys. L’ambiance était studieuse, un brin compassée, du genre rions les fesses pincées, le sujet est trop léger, tu vois le topo. J’avais quand même réussi à leur faire admettre le sérieux de mon projet : la possibilité, via un jouet sexuel, de renouer le dialogue dans le couple, de recréer du désir là où il n’y a plus que de l’habitude. Je leur avais expliqué que les sex toys ne sont pas des substituts du partenaire amoureux mais qu’il a sa place non seulement dans le couple mais dans la poursuite d’une découverte personnelle. C’est après cette rencontre qu’ils m’ont appelée la ludologue.
Q : Y a-t-il eu des évolutions ?
R : J’ai revu vendredi certains médecins rencontrés alors ; j’ai constaté une plus grande écoute, sans doute parce qu’entre temps ils ont été sensibilisés par les médias.
Q : Ce n’est pas trop difficile de se faire admettre dans le sérail ?
R : Si ! Il faut montrer patte blanche, dire « d’où l’on parle ». Je n’ai pas une formation médicale et je ne me prétends pas médecin. Donc je n’usurpe aucun titre. Simplement, j’ai un bagage solide construit à partir des rencontres, du dialogue avec d’autres femmes, une expérience de terrain en quelque sorte. Les professionnels de la santé ne sont pas nécessairement formés à la psychologie, ils ne savent pas forcément répondre aux questions précises que leur posent leurs patientes. Ils ignorent même s’ils peuvent les envoyer chez des sexologues. Je me vois comme un relai entre des thérapeutes et des individus qui souffrent ou qui questionnent. Et c’est comme ça que je me suis présentée. A des interrogations autour de la sexualité et la maladie, la sexualité et le troisième âge, la sexualité et le handicap, ils ne savent pas répondre. Moi si. Je ne suis pas du sérail, ma parole est libre et c’est ce qu’ils apprécient.
Q : Leur point de vue a changé ?
R : Oui, l’attitude était beaucoup plus positive qu’il y a trois ans. Mais il y a encore beaucoup de tabous et de déni. Quand j’ai sorti les sex toys à table, au dessert bien sûr, la réaction a été la surprise. Les trois-quarts n’en avaient jamais vus ! L’un des participants, un professeur de médecine, m’a même lancé : « ça y est, je pars à la retraite ! ». Je lui ai répondu que non, parce que les sex toys n’ont pas de poils!! A-t-on besoin de mettre du sel sur une tomate ? non, mais ça change, on est dans le jeu. J’ai trouvé tout de même qu’il y avait une réelle volonté de savoir, d’apprendre, de comprendre et c’est très encourageant, pour moi certainement mais surtout pour les femmes en général.
Q : Et le point G, c’était quand même l’objet de l’atelier, non ?
R : Oui, mais là aussi, c’est souvent l’ignorance. Une sage-femme m’a raconté que lorsque les adolescents qu’elle rencontre lui posent des questions sur le point G, il est où, est-ce qu’il existe, ça marche comment, elle ne sait pas quoi leur répondre.
Sur ce sujet aussi, il faut être pédagogue. Répondre aux questions des femmes. Encore, toujours.
Un grand merci au docteur Alain Espesset pour son invitation.
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