Je dédie ce qui suit à tous les amoureux de chair et de coeur !
Cet extrait du Traité des orgasmes du Dr Gérard Leleu, m’a ramené vers des plaisirs partagés… En tout cas j’ai aimé me plonger dans cette familiarité de la complicité intime et bienheureuse de ces amants … Nuances essentielles des corps qui s’embrasent, palette de parfums capiteux, plaisir de la rencontre de deux âmes qui se reconnaissent… J’en vibre encore et j’espère toujours !
« A chacune de mes poussées, mon bassin cognait ton bassin, ébranlant ton corps et faisant trembler tes seins. Tu te mordais les lèvres en gémissant car mon sexe à l’intérieur de toi avait touché ton col, au fond de toi, et la secousse avait également ébranlé ton ventre et tes entrailles. Mais soudain, je sentis à la racine de ma verge, là où elle s’attache au périnée, un plaisir aigu qui fusait en même temps qu’un plaisir, aigu aussi, mais superficiel, s’emparer de mon gland. Je savais que l’éjaculation était proche. Je suspendais mes mouvements et respirais à fond par le nez en gonflant mon abdomen. Le plaisir qui était apparu s’épanouit en une forme d’orgasme, mais le besoin d’éjaculer s’éloigna.
Alors, le regard emmitouflé de plaisir, je te contemplais. Ton visage s’était détendu, tu me souriais. Tes mains empaumèrent mes hanches. Je caressais ton front, tes joues. Je suivis d’un doigt la crête de ton nez, la pulpe de tes lèvres. Cent parfums montaient de ton corps, tous plus enivrants les uns que les autres. De nos sexes unis s’élevaient, tel un encens, des volutes capiteuses où se mêlaient tes fragrances et les miennes. Mais je reconnaissais tes propres aromes, ceux un peu plus épicés venus de l’arrière de ta vulve – cannelle et giroflée -, ceux plus boisés de ton vagin – santal et vétiver – et ceux plus brûlés-sucrés de ton pubis – champs de cannes à sucre en feu. De tes aisselles, montaient des odeurs plus piquantes de pain grillé et de pouliche alezane. Bref tu baignais dans un halo capiteux de brune. Au milieu de ces volutes, je perçus, venu de derrière tes oreilles et de ton décolleté, ton parfum d’Hespéride qui tranchait comme la couleur orange sur un fond d’ocre brun. Souviens-toi, c’est de ton odeur de brune mandarinée que j’étais tombé amoureux fou. Je me penchai pour humer profondément tes aisselles. Cela suffit à retendre ma verge qui s’était quelque peu détendue.
Aussi je repris mon va et vient en toi, lentement cette fois. Je t’abordai doucement, comme la vague sur la plage un soir d’été. Et tu accompagnais ce ressac en t’avançant un rien vers moi. Nous étions les yeux dans les yeux, aussi profondément que nos sexes l’un dans l’autre. J’essayais de percevoir ou d’imaginer tous les détails de ta nef vaginale, ses fronces gonflées par le désir, sur lesquels la couronne de mon gland tressautait à l’aller, puis au retour, provoquant en moi comme en toi les mêmes délices. J’essayais de caresser de ma couronne ton point G ce relief qu’avec mes doigts j’avais bien perçu, ce qui m’aidait maintenant à le visualiser pour y conduire mon gland.
Bien que les mouvements soient lents, je voyais ton visage exprimer un plaisir croissant. Te voir jouir, sentir ma verge explorer tes points érogènes, sentir ta gaine me tenir si bien, imaginer ton intérieur carminé, vivant telle une anémone de mer, se resserrant à son entrée, se dilatant à son sommet, faisait croître mon plaisir. Ma verge eut un regain d’érection, aussi j’accélérai mes mouvements. C’est alors que tu éclatas – crias, renversas la tête, révulsas tes yeux, raidis ton corps, griffas mon dos – pour la troisième fois.
J’arrêtais de bouger à la fin de ton orgasme, car j’avais senti en moi le plaisir aigu dans mon périnée qui annonçait l’éjaculation. Je dégustais mon pré orgasme, tandis que tu savourais le décours de ton orgasme. Moment de conscience fabuleux où l’on quitte la terre pour quelque endroit de l’espace où l’on n’est plus qu’amour, félicité et lumière. Interpénétrés, enlacés, les yeux dans les yeux, unis nous filions sans poids mais non sans corps, l’air chaud caressant nos peaux et des scintillements de toute sorte nous croisant.
Le vertige s’est décanté et tu étais à nouveau là, sur les draps de satin parme, plus femme que jamais, les yeux remplis d’éclats agathe et de reflets ambre, le visage radieux, dans un nuage d’aromes. Nous étions rivés par le sexe. Je me sentais profond en toi et bien pris par toi, chaque vaisseau, chaque goutte de sang de ton vagin s’étant ajusté sur ma verge, l’ayant moulée, épousée. Tu me fis la surprise de serrer par petits coups ta tunique vaginale. Etrange et merveilleuse impression que tu puisses me parler ainsi avec ton intérieur. Je te laissais me saluer un certain temps avant de te répondre par quelques frétillements de mon pénis.
Puis je t’ai dit que je te trouvais plus belle que jamais, que j’aimais tes yeux, ta bouche, ton nez, tes oreilles, ton menton, tes épaules, tes seins, tes tétons, ton ombilic, etc. Je t’ai dit aussi que tes yeux étaient des caramels en flamme, que ta bouche j’en ferai des confitures de groseille, que tes mamelons étaient de gros bourdons et qu’un jour je ferai boire une tourterelle dans le creux de ton nombril. Et je me suis penché pour embrasser ta bouche et happer la langue que tu sortais. Puis, j’ai joué avec tes seins, finement de la pulpe des doigts effleurant leur galbe, taquinant leurs boutons. Mis en appétit, j’ai pincé et tiré tes mamelons avant de saisir à pleine main tes globes, de les presser. Tu aimais à ravir, alors ma verge s’est un peu plus raidie et tu as amorcé un mouvement de ton bassin. Et nous avons repris la longue promenade, le sexe dans le sexe.
J’allais et tu venais. Je venais et tu allais. Dieu quel bonheur ! Tantôt nous planions, tantôt nous accélérions le pas. A un moment, j’ai mouillé mon pouce de salive et je l’ai glissé à l’avant de ta vulve où il tomba pile sur ton clitoris qu’il se mit à presser à la cadence de nos mouvements. Tes murmures de plaisir montèrent d’un cran et à chaque pression de mon pouce, tu gémissais, tu suppliais : « oui ! oh oui ! », car en même temps le velours de mon gland visitait le cul de sac postérieur de ton palais. Soudain, ton cri déchira l’air et tu jouis. Tu jouis à pleurer, à rire, à sangloter, à dire oui, à dire non. Il te fallut du temps pour t’apaiser et rejoindre mon immobilité car j’avais suspendu mes mouvements ; de te voir te déchainer m’avais mis au bord de l’éjaculation et je m’étais arrêté juste à temps.
Et nous nous retrouvions dans la suspension, dans le calme, les sexes noués, les yeux liés. Pleins d’un bonheur débordant à grosses vagues, à gros bouillons. Tu promenais tes mains sur mes bras, sur mon thorax, sur mon ventre. Tu me caressas la joue, oh cette caresse ! Tu me dis des choses sur moi, tu me parlas de la glycine qui n’avait jamais été si fleurie que cette année, du rossignol qui n’avait cessé de chanter cette nuit. Puis on se tut. De temps à autre, tu me faisais signe avec ton vagin et je répondais avec mon pénis.
Et l’on reprit notre marche pour un bout de chemin. Tu avais mis les bras en croix et tu regardais le plafond, totalement donnée. J’allais en toi mais je n’avais plus la sensation de coulisser dans un fourreau fermé. J’avais l’impression de glisser dans ton corps, dans ton ventre, jusqu’à la pointe de ton cœur tout cela communiquait, tout cela n’était que volupté, tout cela ne faisait qu’un, comme toi et moi communiquions, ne faisions qu’un. Nous étions une seule masse critique de plaisir. Je m’arrêtai quand je sentis l’éjaculation monter et je jouis d’un pré orgasme profond et doux. Toi, tu sentis les frémissements de ma verge et tu fus projetée au ciel de lit. Ton cri, oh ton cri ! Où donc les femmes vont-elles chercher ces cris ? C’est surhumain, c’est d’ailleurs, d’un endroit à elles. Hommes, on se sent petit quand on entend ces cris, on se sent demeurés sur terre, distancés. Vas-tu revenir ? Tu revins et tes yeux me baignèrent de tendresse. Ton sexe était brûlant, ta peau incandescente et tes arômes flambaient. J’eus l’impression qu’on fondait, qu’on allait se mélanger, que notre fusion affective et spirituelle allait se doubler d’une fusion charnelle véritable, une fusion métallurgique et que nous ne ferions plus qu’un corps. Alors un mot, un mot immense, un mot superflu me monta aux lèvres : « je t’aime » te dis-je en plongeant un peu plus mon regard dans le tien. « Je t’aime » me répondis-tu.
Quand alors je te dis « je t’aime », je le dis aussi au lierre qui encadre la fenêtre, au prunus en fleur qui remplit le ciel, à la grive qui y chante, à toutes les femmes qui sont en toi, à celles qui t’ont précédée, à celles qui te succèderont sur cette planète, à toutes celles que j’ai aimées, à toutes celles que je n’ai pas su aimer. Je suis plus grand que moi, tu es plus grande que toi. Et tu sens, comme moi, que tu dépasses ton plaisir et ton corps flamboyant ».
Photos Crédit : Jessica Van Hulle
Le Traité des Orgasmes du Dr Gérard Leleu, édition Leduc-s, 2007, 18€
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