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Photo du rédacteurNathalie Giraud Desforges

L’identité du Couple

Dernière mise à jour : 15 janv. 2023

Article publié le 30/03/2011 et mis à jour le 14/01/2023


Un très bel article de la philosophe et auteure Paule Salomon sur le couple aujourd’hui.


couple assis qui s'enlace dans un parc

Quelqu’un qui fait une démarche de conscience de soi et qui souhaite réussir son couple doit s’intéresser au fusionnel, à la relation dominant-dominé, au conflit, au jeu intérieur entre sa partie enfant et sa part raisonnable, à la communication entre son couple intérieur et son couple extérieur… et surtout à l’apprentissage de la dédramatisation.


Le plus gros problème actuel du couple réside en ce que l’homme et la femme modernes désirent fondamentalement s’occuper de leur “je”… alors que le couple, c’est un “nous” ! Or, pour que deux “je” fassent un “nous”, il faut qu’il y ait dépassement de soi. La société, globalement, n’en est encore qu’au stade de la sortie des contraintes, à l’affirmation de soi. Chacun recherche son identité, cherche à comprendre “ce qu’est être un homme” ou “ce qu’est être une femme”, et rejoue cette interrogation au sein de sa problématique familiale. Ce fusionnel est donc une chance de vie.

Solitaires… mais solidaires


Bien sûr, les deux “je” qui se rencontrent, au début de la relation, trouveront assez d’énergie, dans l’impulsion des sentiments, pour former un “nous”. Mais, dès que l’on s’aperçoit que l’autre n’est pas conforme à ce qu’on avait imaginé, qu’il ne comble pas le désir de maternage ou de paternage que tout ex-enfant porte en lui, les sentiments commencent à se désagréger. Alors se produit inévitablement le deuil du grand rêve fusionnel qui pourtant nourrit le romantisme présidant à notre conception de l’amour.


Regardons que ce désir fusionnel est aussi un désir religieux. Il fait partie de notre sentiment d’unité, de notre apprentissage de l’amour, même s’il s’agit encore de quelque chose d’archaïque qui nous relie à notre présence dans le corps de la mère.

Ce fusionnel est donc une chance de vie et un risque, et c’est lui, également, qui nous empêche d’être nous-mêmes.


Si vous avez déjà rencontré quelqu’un qui vous fascine, vous savez à quel point vous pouvez tomber en elle ou en lui, dans ses désirs, dans ses besoins, et à quel point la vie ne vous semble plus intéressante qu’à travers cette personne. Une telle fusion constitue bien une menace, un empêchement d’être soi. C’est une folie de vouloir que deux personnes ne fassent qu’un. Et, paradoxalement, c’est aussi une sagesse.


L’équilibre du couple va donc se jouer dans la capacité de chacun à conserver l’immense beauté de cet élan fusionnel, tout en trouvant la force de s’affirmer en tant qu’individu. En fait, une relation authentique à soi, à l’autre et à la transcendance ne se construit qu’à travers l’apprentissage d’une solitude… et d’une solidarité ! Malheureusement, la plupart des gens qui vivent en couple fuient la solitude, veulent rester en compagnie et être aimés. Un couple est souvent composé de deux personnes qui ne s’aiment pas elles-mêmes, tentent de trouver chez l’autre la réponse à leurs questions et une aide pour se tenir debout. Le couple n’est plus alors qu’une question de béquilles.

On voit qu’il y a de très nombreux pièges, dans le couple. Et l’on comprend que la traversée en conscience de ces difficultés constitue une véritable initiation, sans doute plus profonde et plus redoutable que la réclusion dans un monastère. C’est une initiation brûlante, tantrique au sens profond du terme, puisque la vie commune en général, et la relation sexuelle en particulier, dépendent, si on veut les réussir, d’une intégration en profondeur de la fusion et de la solitude.

On ne s’avance profondément vers l’autre, y compris dans la chair, que dans la mesure où l’on est capable de lâcher prise avec son mental. Or, cette condition est à l’origine de toutes les avancées spirituelles dans les différentes Traditions. La relation à l’autre est initiatique. Beaucoup de chercheurs solitaires sont prêts à dire, aujourd’hui, que la voie d’incarnation qui consiste à vivre avec femme et enfants est plus difficile, plus authentique, même, que la vie d’ermite. Mais peut-être peuvent-ils affirmer cela parce qu’ils ont préalablement consacré un temps à la solitude et à l’accumulation d’une réserve spirituelle. Ils amènent dans la relation au quotidien un trésor de patience, de persévérance et de transcendance.


L’union entre deux pôles


Fusion et solitude attirent également notre attention sur ce besoin d’aller d’un pôle à un autre pour incarner la voie du milieu. Malheureusement trop de gens veulent vivre le couple en se coupant de l’un des deux pôles. L’identité masculine, par exemple, se caractérise par un blocage dans l’invulnérabilité, dans le héros. Ce qui enferme l’identité masculine, c’est le désir de dominance et d’invincibilité. Et toute remise en cause est vécue comme une atteinte. Or, dès que l’on tente de couper une identité de son pôle complémentaire, c’est toute la chance de réaliser une complétude qui se trouve bloquée. Au sein du couple, chacun, souvent, reste dans un pôle prédéterminé, identifié à un rôle sexuel dans lequel il perd en partie sa qualité d’Etre global.


C’est seulement quand un homme s’ouvre à sa douceur, et une femme à sa force, que deux personnes se donnent la chance d’une rencontre plus complète. Même s’il y a démarche spirituelle, il est important de rester attentif aux pièges collectifs qui se présentent dans le couple.

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