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Sexualité et seniors: quand les hommes s’adaptent aux changements

Dernière mise à jour : 22 janv. 2023

Article publié le 09/11/2016 et mis à jour le 16/01/2023


Du point de vue purement physiologique, la sexualité chez le senior, le sexe chez cet homme de plus de 50 ans, ce n’est plus tout à fait la même chose.

Symboliquement, le printemps, la sève et les bourgeons ont fait place à l’automne.


feuille d'Automne de Michel Roudnitska
Photo crédit : Automne de Michel Roudnitska

Quelle sexualité pour le senior, cet homme de plus de 50 ans ?


L’évolution la plus caractéristique est sans doute liée à l’érection. Plus lente à s’installer, la rigidité de la verge est aussi moins “solide”.  Autrement dit : que faire quand “ça bande mou” ? Ce constat, Master & Johnson l’avaient établi dans les années 1966 en explorant notamment la sexualité masculine des seniors. Plusieurs années plus tard, les travaux de ces Masters of sex (du nom de l’excitante série TV consacrée aux pionniers de la recherche scientifique sur l’orgasme) sont toujours actuels. Hélas ? Et s’il s’agissait au contraire de dire : Profitons-en ? !


Érection anxieuse ? Encore plus de caresses buccales ou manuelles !


Dans mes consultations en sexothérapie en couple et en individuel, j’ai ainsi rencontré des hommes inquiets de “bander mou”. Anxieux, ils s’interrogeaient ex abrupto sur leur virilité. Oups là. Ils avaient oublié que, comme le disait Brassens dans sa chanson Fernande : “la bandaison papa, ça n’se commande pas”. Surtout chez les seniors.

Il est ainsi avéré qu’après 60 ans surtout, la verge connaît un certain « retard à l’allumage ».

En dépit des stimulations érotiques de la / du partenaire, plusieurs (longues, voire très longues) minutes sont nécessaires avant d’obtenir une érection. Ce qui peut être source d’angoisse pour l’homme et son / sa partenaire (je ne suis plus aussi désirable / tu ne me désires plus / tu ne m’aimes plus), qui va nourrir l’anxiété première et produire exactement l’effet inverse : un poids supplémentaire sur l’érection.



Ici, je voudrais insister, comme le fait Patrick Leuillet sexologue et gynécologue, dans Sexualités Humaines n°23, sur le nécessaire soutien de ce/cette partenaire. Et par “soutien” j’entends sollicitations physiques. Entendez-moi bien : il ne s’agit pas de jouer du piston. Simplement, l’homme de plus de 50 ans a, plus qu’avant, besoin des caresses buccales ou manuelles de son conjoint sur son pénis. Il a besoin lui aussi que sa partenaire s’occupe de son corps dans son intégralité, qu’elle prenne l’initiative et soit elle aussi active !


Vieillir, c’est aussi laisser plus de place à l’autre dans son lit et, plus que jamais, faire l’amour à deux !

Si la vue d’un string déclenche toujours (?) le désir, la concrétisation de cette envie ne passe plus nécessairement par une turgescence immédiate. Cette composante du vieillissement sexuel ne doit pas être ignorée.


Inventer une nouvelle sexualité senior !

La mécanique se grippe, le chat se mord la queue.

Et c’est le retour au réel avec lequel il faut pactiser pour regagner estime de soi, confiance et… plaisir.

Le tableau est sombre ? Que nenni point !

La lumière est devant : au diable les habitudes et la routine qui patine.

Place à l’invention, à l’irruption de la novation. Chassez le ronron qu’il ne revienne pas au galop ! Cela fait du bien à tout le monde, y compris à la/au partenaire un peu las(se) voire indifférent(e).


Rituels tantriques pour explorer d’autres voies sensuelles et sexuelles


la vision tantrique du corps

Massage sans pénétration à la clé, se donner RDV en dehors de la chambre à coucher, se masturber en couple ou en solo, prendre un bain/douche ensemble ou tout simplement recommencer à se prendre par la main, s’embrasser pour s’embraser, utiliser des accessoires érotiques, prendre le temps de se regarder vraiment, respirer à l’unisson…


L’érection qui dure ? Ça devient dur


Autre aspect concret de la sexualité des hommes de plus de 50 ans, cette érection dure aussi moins longtemps. Et c’est NORMAL ! Autrement dit : le rapport sexuel peut s’interrompre sans qu’il y ait eu éjaculation.

Les pratiquants du Tantra me liront d’un œil averti. Eux savent que l’orgasme n’est pas “forcément” éjaculatoire. Pour les autres, cela peut être vécu comme la sanction de l’âge. Ou pas, si la relation sexuelle des deux partenaires n’est plus exclusivement basée sur la pénétration. Mais qu’elle a su se transformer pour intégrer plus d’échange et le plaisir du contact des peaux et de tous les autres sens.


Quand l’éjaculation n’est plus une fin en soi de la sexualité senior

La sensation de l’éjaculation imminente et inévitable n’est plus aussi bien perçue. La perception du volume du sperme et de la puissance éjaculatoire disparaît également presque totalement.

Comme le note Patrick Leuillet, l’ “affadissement de l’orgasme” est l’indice le plus troublant de la course des années sur la sexualité masculine. Dont acte : il s’agit dès lors de tâter d’autres terrains. Et de se pencher plus près, vraiment plus près, sur de nouvelles sensations.


S’abstenir ou ne pas s’abstenir, telle est la nouvelle question !


Second effet Kiss Cool, la “période réfractaire” s’accroît avec l’âge. Ce délai durant lequel il est physiologiquement impossible d'avoir à nouveau une érection après avoir éjaculé.

Dans le Tao, les praticiens préconisent la non éjaculation après 60 ans pour conserver son énergie et sa santé sexuelle. Alors qu’un homme de 20 ans ne devrait éjaculer qu’une fois tous les quatre jours, un homme de 40 ans tous les dix jours… Une injonction à prendre avec distance, des études scientifiques récentes montrant que la masturbation et l’éjaculation régulière contribuant à diminuer le taux de prévalence du cancer de la prostate (cf. mon article sur la masturbation comme prévention du cancer de la prostate).

Faute de respecter ce délai, le senior même bien portant court le risque de la panne. Et celle-ci peut être très mal vécue.

La boutique de sextoys de Piment Rose

Dans ces conditions, certains hommes dûment équipés d’une/un partenaire sexuellement actif(ve) cessent de batifoler. Plutôt que de chercher une éventuelle prise en charge auprès d’un spécialiste, plutôt que de s’aider de sextoys pour couple, pour elle ou pour lui, ou de faire autrement, d’essayer des compléments alimentaires bio, ils foncent droit vers l’abstinence, coupant court à l’exploration d’autres sensations.

Dommage !

D’autres hommes mettent leurs difficultés sexuelles sur le compte de l’andropause. Parfois à tort, parfois avec raison.


L’andropause : où quand l’homme ne cesse pas d’être un homme


Dans les magazines, l’andropause n’a pas les faveurs de son corollaire féminin : la ménopause. A croire qu’elle transporte, coincée entre ses voyelles et consonnes, l’attirail de la maladie honteuse. Mais non, un homme ne cesse pas d’être un homme parce qu’il est atteint d’andropause…

La suite sur mon prochain post consacré à l’andropause encore trop peu re-connue, trop peu nommée.


Photo crédit : Automne de Michel Roudnitska

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